Issu
de conférences que Raymond Aron avait données en 1963 à l’université de
Berkeley (USA), « Essai sur les libertés » apparait au début de
janvier 1965 .Le philosophe et sociologue français y reprend la réflexion
sur deux conceptions controversées de liberté, avec lesquelles il ne s’agirait plus d’Une Liberté mais de Libertés tantôt formelles
tantôt réelles.
L’analyse
de Reymond Aron confronte deux doctrines philosophiques, l’une est favorable aux
libertés formelles, position prise par le philosophe français Alexis De Tocqueville, l’autre
par contre ne voit pas la portée des
libertés politiques, personnelles, intellectuelles dans une société d’inégalité
et de paupérisation, elle se positionne donc en faveur des libertés réelles, et
c’est la position du philosophe allemand Karl Marx.
Cette confrontation donne
fruit à l’opposition entre deux sortes de régimes politiques, les démocraties
libérales représentées par les puissances industrielles occidentales et les régimes socialistes notamment adoptés à
l’Europe de l’est.
Reymond
Aron souligne que les années 50 du siècle dernier fussent marquées par le déclin
des idéologies, car « ni le marxisme-léninisme,
ni le fascisme, ni le libéralisme n’éveillent plus la foi qui soulève les
montagnes » (p74) , c’est ainsi que notre sociologue analyse soigneusement
les contradictions qui déstabilisent chaque régime, bien qu’ils se prétendent
tous démocratiques .Les régimes pluralistes en dépit des institutions représentatives et des traditions
électorales peuvent réduire le citoyen en
un simple figurant dans un rite alors que les gouverneurs qu’il s’est choisi
sont eux même prisonniers de puissances dans l’ombre.
Sur
la base de ce genre de contradictions, Reymond Aron adopte ici une vision toutefois
peu propice à un penseur libéral, il déclare : « les institutions de
la démocratie représentative ne me paraissent pas l’expression nécessaire, en
notre siècle, du désir universel de liberté » (p99)
On
pourra comprendre que les régimes à parti unique peuvent aussi garantir les
libertés revendiquées, mais ceci n’empêche pas le sociologue d’en démontrer les
limites, en fait les régimes à parti unique interdisent toute réflexion sur
leur idéologie et impose une autorité absolue d’ordre intellectuel.
Pour
tout type de régime, Reymond Aron tente
de rectifier la représentation conformiste d’une société opulente sans conflits
fondamentaux, il démontre par les statistiques les inégalités sociales et la
relativité de l’opulence.
Dans
le dernier chapitre de son livre, Reymond Aron s’arrête sur la notion de
liberté politique dans la société technique, il analyse les contrastes entre
démocratie américaine et démocraties européennes (française, anglaise) pour conclure
que les intellectuels ne revendiquent plus la nationalisation des moyens de productions, mais plutôt l’égalité
morale entre représentants des ouvriers et représentants des couches
favorisées.
Dans la postface
ajoutée en 1976, Raymond Aron se montre plus libéral ,il ne se soucis plus de
relativiser la vision libérale, ou de considérer un choix socialiste susceptible d’assouvir le désir de liberté,
peut être parce qu’il n’était plus question d’une France sous de Gaulle (qui
montrait de la sympathie pour les régimes socialistes), ou était-ce tout
simplement parce qu’au fil des années les régimes à parti unique se sont montrés
plus despotiques que jamais, en tout cas Raymond Aron déclare clairement : « que leur exemple nous
serve de leçon ; les hommes ont tous le même droit au respect, ni la
génétique ni la société n’assureront jamais à tous la même capacité d’atteindre
à l’excellence ou au premier rang. L’égalitarisme doctrinaire s’efforce
vainement de contraindre la nature, biologique et sociale, il ne parvient pas à
l’égalité mais à la tyrannie. » p 240.
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